par philo.doctes (12/05/2015)
Intervention du 28 mai 2015 (Fabien Mikol)
Résumé :
D’après la thèse dite de la « clôture cognitive » (défendue notamment par Colin McGinn et Steven Pinker), il existe des limites à ce que l’humanité peut potentiellement connaître ou comprendre, en raison de contraintes naturelles inhérentes à la cognition humaine. La prise en compte de la naturalité de l’esprit humain devrait ainsi conduire à une forme de modestie épistémologique : nous ne pouvons pas tout connaître, ni tout comprendre de la nature, tout simplement parce que nous sommes des êtres vivants soumis à des contraintes évolutionnaires.
Plutôt que de discuter les fondements (controversés) de cette thèse de la « clôture cognitive », je m’intéresserai ici à un retournement optimiste de ce courant de pensée. Chez certains auteurs, en effet, cette thèse a pour conséquence paradoxale une forme d’optimisme quant à ce que pourrait fournir les progrès technologiques futurs à l’égard de l’entreprise de la connaissance. Si certains problèmes nous paraissent aujourd’hui insolubles, à nous humains, peut-être seront-ils aisément solubles demain, lorsque la technologie permettra d’améliorer artificiellement le cerveau humain, ou encore de créer des intelligences artificielles supérieures à l’intelligence humaine (hypothèse de la « superintelligence ») ? Certains auteurs vont ainsi jusqu’à suggérer que la philosophie, en tant que discipline se caractérisant par le traitement de problèmes « insolubles » par la science, pourrait disparaître en même temps que sa « matière première ».
Mon propos consistera en trois points principaux :
1) synthétiser rapidement les arguments habituellement formulés en faveur de la thèse de la « clôture cognitive »
2) analyser les arguments en faveur d’un optimisme épistémologique, si l’on admet la thèse de la « clôture cognitive »
3) interroger les tentatives d’application de cet optimisme à la philosophie elle-même, ainsi que sa caractérisation comme discipline traitant de problèmes « insolubles » par l’esprit humain.
Bibliographie indicative :